Le mémorial d’Iracoubo, inauguré en août 2024, est une initiative de la Collectivité Territoriale de Guyane et de l’association Moliko Alet+Po, en partenariat avec le Grand Conseil Coutumier des peuples autochtones et le musée du Quai Branly – Jacques Chirac. Ce projet vise à honorer la mémoire des 47 Kali’na et Arawak, victimes des expositions ethnographiques de 1882 et 1892, présentées dans les zoos humains en Europe.
Les expositions ethnographiques, aussi appelées zoos humains, avaient pour but de montrer des populations non-européennes comme des curiosités exotiques. Elles ont été organisées dans plusieurs villes d’Europe à la fin du XIXe siècle, notamment :
Les conditions de vie étaient précaires : les familles vivaient dans des huttes reconstituées, exposées au froid et souvent victimes de maladies. Certains membres sont morts durant ces expositions et n’ont jamais pu retourner en Guyane.
Le mémorial rend hommage aux 47 personnes, hommes, femmes et enfants, dont les noms et âges sont désormais connus :
Ces listes, gravées sur des plaques commémoratives, permettent de rendre leur identité aux individus oubliés pendant plus d’un siècle.
Deux figures majeures, Pi’pi Ahieramo et Pi’pi Molko, représentent respectivement la sagesse et l’innocence. Pi’pi Ahieramo, une femme Kali’na âgée de 75 ans, fut arrachée à sa terre natale pour être exhibée en 1882 avec sa famille. De même, Pi’pi Molko, une enfant de 15 ans, fut exposée en 1892 avec sa mère Takhounmy. Les sculptures réalisées par Gérard Lartigues leur rendent hommage, immortalisant leurs visages au cœur du mémorial.
Le mémorial d’Iracoubo est un espace dédié à la réhabilitation historique et au devoir de mémoire. Les panneaux explicatifs retracent les événements de 1882 et 1892, documentant les souffrances vécues par ces populations. Une carte des expositions mondiales montre l’ampleur internationale de ces pratiques, avec des exemples similaires aux États-Unis et en Europe. La reconnaissance officielle du mémorial a été marquée par la présence de Gabriel Serville, président de la Collectivité Territoriale de Guyane, des chefs coutumiers, et des autorités religieuses.
Ce projet est le fruit d’une collaboration étroite entre plusieurs institutions. L’association Moliko Alet+Po a joué un rôle central dans la sensibilisation du public. Le musée du Quai Branly - Jacques Chirac a contribué par ses archives historiques et photographiques. Enfin, le Grand Conseil Coutumier des peuples autochtones a représenté la voix des descendants et des communautés guyanaises.
Le mémorial d’Iracoubo est bien plus qu’un simple hommage : il est un acte de justice historique. En rétablissant les noms, les visages et l’histoire des 47 Kali’na et Arawak, ce lieu rappelle la nécessité de reconnaître les injustices du passé tout en célébrant la résilience des peuples autochtones de Guyane. Ce travail de mémoire, marqué par les figures de Pi’pi Ahieramo et Pi’pi Molko, incarne l’espoir d’un futur plus respectueux des identités et des cultures.
Le monument se situe à la sortie d'Iracoubo, direction Saint-Laurent Du Maroni à proximité des toilettes publiques, après l'église à droite.